[#çavabienaller] Vers une utilisation accrue de matériaux québécois au lendemain de la crise?

Par Marc-Antoine Côté

La crise actuelle pourrait-elle se traduire par une intégration accrue de produits québécois dans le design des bâtiments? Sans se faire prophètes d’une réponse certaine, deux acteurs du milieu jugent que la question mérite d’être posée.

 

Les contrecoups de cette pandémie mondiale sont nombreux. Mais la fermeture de certaines frontières et les enjeux d’approvisionnement qui en découlent pourraient éventuellement favoriser certains changements positifs en sol québécois.

 

« C’est intéressant de se poser la question. Il y a la crise, qui nous force à se demander quoi faire, mais aussi comment on peut bâtir et rebondir par la suite. Voir quel est l’impact et comment l’industrie peut en profiter. Il va y avoir des mises à pied, mais aussi des opportunités et des réflexions à avoir pour savoir comment on repart ces industries-là », suggère Guillaume Martel, architecte, expert en bâtiment durable, chez Provencher_Roy.

 

Guillaume Martel, architecte, expert en bâtiment durable, chez Provencher_Roy - Crédit : Provencher_Roy

 

Car à défaut d’être garante de changements, la situation pourrait servir de catalyseur, tant en ce qui concerne l’approvisionnement que l’économie circulaire. Des sujets qui ont amplement été discutés au cours des dernières années et qui pourraient être ramenés à l’avant-plan.

 

Selon Nadia Bini, directrice Développement durable chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, la question de la provenance des matériaux n’est cependant pas la seule à se poser. Dans un contexte où l’on cherche de plus en plus à atteindre la carboneutralité pour les bâtiments, il faut également voir si le cout est le bon et si le produit permet une performance optimale.

 

« Après, il y a aussi un rapport qualité-prix. Même aujourd’hui, on fait un choix de favoriser un produit un peu plus cher versus un autre parce qu’il répond à une certaine qualité. Mais si un produit québécois ou canadien répond à la qualité à laquelle on s’attend, qu’il y a une diversité de produits, je pense qu’il y a toujours un intérêt à favoriser des produits régionaux », explique-t-elle.

 

Nadia Bini, directrice Développement durable chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes - MSDL

 

Les usines qui réorientent temporairement leurs activités pour aider le milieu médical, des gens de tous les secteurs qui innovent pour mettre la main à la pâte, les exemples d’adaptation sont nombreux depuis quelques semaines. C’est le signe d’une culture entrepreneuriale très forte et d’un potentiel de faire les choses autrement, dans la construction comme ailleurs, selon Mme Bini.

 

Son homologue Guillaume Martel pose lui aussi quelques nuances concernant une éventuelle intégration accrue des produits québécois, mais croit que la situation peut être propice à une certaine évolution. Que ce soit pour le gypse, le béton ou le bois, plusieurs industries manufacturières sont déjà bien implantées au Québec. Mais certains produits ne sont pas toujours au rendez-vous. « C’est de voir après si d’autres matériaux, qui n’étaient pas nécessairement produits au Québec en grande quantité, peuvent trouver un débouché », avance l’architecte.

 

Et c’est aussi de voir si l’économie circulaire ne pourrait pas être revue au passage, elle aussi. Avec la crise des derniers mois, tant au Québec que sur le reste du continent, le moment pourrait être bien choisi.

 

« Ça va être intéressant de voir si on peut se servir de cette crise-là ou des circonstances pour justement développer l’économie circulaire. Est-ce qu’on peut développer des filières de recyclage, de redéveloppement de matériaux, que ce soit l’aluminium, l’acier? Est-ce qu’il va y avoir d’autres filières qui seront développées? Ça pourrait être intéressant de voir si la crise va mener à ça, ou se relever avec ça. »

 

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