Il semble plus facile de sortir le travailleur du chantier que le chantier du travailleur. C’est ce que suggère l’adage, mais aussi un sondage de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT) qui pointe vers une augmentation des ventes dans certaines succursales. Son président s’est entretenu avec nous sur le phénomène et les enjeux qui guettent son industrie.
Si certains se sont empressés de se munir de jeux de société pour passer le temps pendant le confinement, d’autres ont plutôt opté pour l’achat du matériel nécessaire à des travaux à la maison. Car un tel temps d’arrêt peut en effet s’avérer un bon moment pour finalement s’acquitter de certaines rénovations.
« Les gens vont pouvoir en profiter pour faire des travaux. Là, on n’est plus dans l’urgence, on a colmaté ce qui manquait pour être en sécurité et on se dit bon, tant qu’à passer 24 heures à la maison, faisons des choses utiles », explique Richard Darveau.
Ce dernier précise toutefois que loin d’encourager le mouvement, l’AQMAT sensibilise plutôt ses membres et sa clientèle à user de toutes les précautions nécessaires à leur sécurité. On recommande par exemple aux familles de ne déléguer qu’une seule personne pour aller faire des achats dans une quincaillerie lorsque c’est nécessaire et à celle-ci d’avoir une idée précise de ce qu’elle vient chercher pour ne pas s‘éterniser dans les allées, ce que la plupart des succursales n’autorisent pas de toute façon.
La crise actuelle occasionne bien évidemment son lot d’embuches, alors que les réalités diffèrent beaucoup à travers l’industrie de la quincaillerie. Si 42 % des répondants au sondage de l’Association notaient une certaine augmentation de leurs ventes, 37 % notent quant à eux une baisse. Et 11 des 151 répondants affirment craindre pour leur survie si la situation en vient à perdurer.
Aux craintes de voir les revenus diminuer et de perdre certains employés en raison d’une mise à pied temporaire s’ajoute le problème déjà bien réel de l’approvisionnement. Puisque contrairement aux succursales, plusieurs centres de production ont dû fermer leurs portes. À un moment crucial pour le secteur, les semaines à venir étant généralement les plus profitables de l’année.
« Que la chaine d’approvisionnement n’ait pas été sécurisée, à part quelques secteurs, ça nous a pris de court. […] Ça sert à quoi de garder une épicerie ouverte si les tablettes sont pour être vides. Parce qu’à un certain moment on ne peut plus les alimenter. »
M. Darveau salue toutefois l’ingéniosité de certains membres qui, ne bénéficiant pas de boutiques en ligne, déploient des alternatives pour permettre à leur clientèle de se procurer le nécessaire sans s‘exposer au virus.
« La plupart vont revoir complètement leurs conditions de circulation en magasin et d’attente à l’extérieur. Ils sont extrêmement ingénieux en ce moment pour éviter l’exposition aux risques. Ils augmentent leurs équipes de livraison, créent des lignes téléphoniques spéciales avec plus de monde pour faire des commandes. Il y a même des endroits où le client, en arrivant, doit rester au comptoir alors qu’un employé va chercher la marchandise pour lui, question d’éviter une circulation en magasin. »
Et cette pandémie mondiale, en plus de susciter l’ingéniosité des différentes quincailleries, se veut également un appel à la solidarité auquel plusieurs répondent présents. Différents commerces se concertent pour s’entendre sur des heures d’ouverture communes, question de donner du répit aux employés sans envoyer leur clientèle respective chez le concurrent.