Mobiliser l’industrie pour répondre aux défis de demain : entrevue avec Audrey Murray

26 mars 2024
Par Cynthia Bolduc-Guay

Nommée présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec en octobre 2023, Audrey Murray insuffle à l’organisation une vision de l’industrie axée sur la collaboration en cette période charnière où le secteur de la construction se trouve à la croisée des chemins.

Animée par une sincère passion de contribuer à l’avancement de la société québécoise, Audrey Murray n’en est pas à ses premières armes au sein de la Commission de la construction du Québec (CCQ), où elle a occupé différents postes de 1998 à 2018, notamment à titre de vice-présidente au service à la clientèle et au développement. Avant de diriger la CCQ, elle a également occupé la fonction de sous-ministre au Tourisme, puis de présidente de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT).

 

Ce qui l’a fait revenir à la CCQ ? « C’est un moment historique, car le secteur de la construction peut contribuer plus que jamais à accélérer la résolution des grands défis sociaux, économiques et climatiques du Québec. Il joue un rôle essentiel à la qualité de notre vie collective », observe-t-elle, énumérant les besoins en logements, les infrastructures publiques, la transition énergétique et l’apport à l’économie québécoise.

 

De nouveaux défis à relever

Aux yeux de la PDG, la société est actuellement à la croisée des chemins, et le secteur de la construction peut jouer un rôle déterminant dans la résolution des grands défis qui nous affectent actuellement, tant d’un point de vue social, économique qu’environnemental. Parmi eux : la transition énergétique, la transition démographique et la transition climatique.

 

« Même si on traverse actuellement une période d’incertitude, on connaît présentement des sommets économiques jamais vus. Et quand on regarde les prévisions pour les cinq prochaines années, on va continuer d’atteindre des sommets à ce niveau », constate Audrey Murray, qui estime que l’industrie de la construction peut relever les défis qui découlent de ce niveau d’activité économique sans précédent.

 

Au Québec, ces défis se font également dans un contexte de besoins criants en main-d’œuvre dans tous les secteurs économiques, incluant celui de la construction. C’est pourquoi les enjeux de compétence et de rétention des travailleurs constituent une des priorités de la PDG de la CCQ.

 

« On souhaite trouver des solutions afin de non seulement amener 17 000 nouvelles personnes par année dans l’industrie de la construction, mais aussi pour s’assurer que celles-ci seront adéquatement formées et auront envie de rester », explique Audrey Murray, qui constate une augmentation de non-diplômés sur le terrain, ces derniers ayant davantage tendance à quitter le secteur que les travailleurs formés.

 

Pour y arriver, la CCQ souhaite miser sur l’accompagnement des travailleurs, notamment par le biais de la formation continue, mais également sur l’accélération du recours à l’alternance travail-études afin de miser sur une nouvelle main-d’œuvre compétente qui entrerait plus rapidement sur le chantier pour augmenter notre capacité de construire.

 

« Il faut aussi s’assurer que l’on comprend bien les besoins en formation continue reliés à la transition technologique et à la transition verte, indique Audrey Murray. On doit également travailler sur l’inclusion de groupes sous-représentés, comme les femmes, les immigrants et les personnes appartenant aux Premières Nations et leur offrir le meilleur soutien possible pour qu’ils puissent s’épanouir et veuillent rester dans l’industrie de la construction. »

 

Parmi les autres défis dans sa ligne de mire, la CCQ souhaite également améliorer son expérience client, notamment en perfectionnant son virage numérique, mais aussi travailler avec les acteurs de l’industrie afin d’éviter la collusion dans le secteur. « On a mis en place une nouvelle approche de prévention pour aller chercher de l’adhésion et de l’autocorrection sur les chantiers », précise Audrey Murray.

 

Un plan d’action déjà en branle

Pour matérialiser sa vision, la CCQ travaille déjà à la création de différents chantiers qui permettront de réunir les acteurs de l’industrie au centre des réflexions. « On travaille déjà sur des plans d’action qui touchent l’arrivée des groupes sous-représentés qu’on va annoncer bientôt, précise la présidente. Il y a aussi des gestes significatifs qu’on veut poser afin d’améliorer le climat de travail sur les chantiers, qui constitue un élément d’abandon important, notamment pour les femmes. »

 

Elle souligne que l’accélération du recours à l’alternance travail-études sera également sous la loupe à très court terme, tout comme l’amélioration de l’expérience client, dont une bonification est prévue vers l’automne ou l’hiver prochain.

 

En ce qui a trait à la conformité de l’industrie, l’approche préventive expérimentée sous la forme d’un projet pilote va se déployer de façon plus significative dans les prochains mois. Une table de travail a également été créée avec Hydro-Québec afin d’être en mesure de traduire plus précisément les besoins en main-d’œuvre requis derrière le grand plan d’action de la société d’État.

 

La CCQ : une alliée

Au cœur de tous les chantiers qu’elle souhaite mettre en place, un élément ressort : l’importance de travailler de concert avec les syndicats, les représentants partenaires, les formateurs et les autres partenaires clés du secteur. Une vision qu’a à cœur Audrey Murray et qu’elle souhaite insuffler dans tous les mandats de son organisation.

 

« Je veux que la CCQ soit une alliée pour relever les défis de l’heure. Elle doit miser sur cette grande force qu’elle a d’additionner l’intelligence de tous ces groupes pour mettre de l’avant des solutions et pouvoir bien faire son travail. C’est un moment historique que nous vivons actuellement, et nous avons besoin de travailler tous ensemble afin de réaliser cette grande mission », conclut-elle.