Option perfectionnement : la relève, le défi de l’industrie

22 mars 2011
Par Michel Fournier, président-directeur général, FFIC

L’industrie de la construction s’est réunie en février dernier pour travailler en concertation à l’élaboration des grandes orientations du perfectionnement pour les 10 prochaines années. Cette rencontre, appelée Rencontre Horizon 2020, était l’aboutissement d’une longue et fructueuse démarche consultative, mise en œuvre par le FFIC en collaboration avec le Plan résidentiel et la CCQ, qui a permis aux participants de partager les constats que nous vous livrons maintenant :

  • - D’ici 2018, le volume d’heures travaillées devrait se maintenir au-dessus de 145 millions.
  • - En 2020, sur les 150 000 travailleurs, la proportion des 55 ans et plus sera de plus de 17 %.
  • - Au Québec, la population en âge de travailler atteindra les cinq millions pour amorcer un déclin dès 2013. Et à compter de 2016, il y aura 8 jeunes pour chaque groupe de 10   personnes en âge de prendre leur retraite.
  • - Depuis 2001, 50 000 travailleurs sont entrés dans l’industrie avec un diplôme. Après cinq ans, 25 % d’entre eux travaillaient dans un autre secteur d’activité. À cause des pénuries de main-d’œuvre, 55 000 travailleurs non diplômés ont aussi joint l’industrie par suite de l’ouverture des bassins. De ce nombre, 41 % avait quitté l’industrie après la même période de temps.
  • - Conséquemment, le grand défi de l’industrie pour les 10 prochaines années sera de répondre à un volume de travail élevé dans un contexte de rareté de main-d’œuvre.

 

Ayant fait ces constats, des questions se sont imposées aux représentants de l’industrie : avons-nous les moyens de laisser partir cette relève que nous avons formée ? Quand notre main-d’œuvre aura-t-elle le temps de se perfectionner si les périodes sans travail sont de courte durée ? Est-ce que nos centres de formation pourront accueillir notre clientèle qui est appelée à être plus diversifiée si on en croit les spécialistes en démographie ?

 

À partir de ces réflexions, des enjeux et des pistes de solution ont été proposés et validés permettant de créer un modèle idéal de perfectionnement. Les travaux à Québec ont permis de s’entendre sur les orientations communes pouvant conduire à la réalisation de ce modèle idéal.

La rencontre a été un succès puisqu’elle a permis à l’ensemble des décideurs, patronaux et syndicaux, de l’industrie de positionner la formation et le perfectionnement comme enjeu prioritaire pour l’industrie.

 

Mais ce succès obtenu n’est pas une fin en soi, il représente plutôt un point de départ pour un nouvel échéancier de travail qui devra être repris par les associations et organisations participantes dans le cadre de leur mandat respectif.

 

En ce qui a trait au FFIC, une planification stratégique à long terme sera proposée en cours d’année. Les objectifs seront plus hauts qu’à nos débuts, il y a 12 ans : le perfectionnement doit maintenant être une préoccupation incontournable pour les travailleurs et les entrepreneurs.

Après 12 ans d’activité, au-delà de 16 % de la main-d’œuvre se perfectionne annuellement, mais il y a encore des travailleurs qui ne se perfectionnent pas. Et surtout, il n’y a toujours que 3 % des entrepreneurs qui font des demandes de formation en entreprise pour leurs salariés.

 

Pour y arriver, nous aurons notamment à améliorer le contenu de nos formations en les rendant plus attrayantes pour les travailleurs plus expérimentés. Nous aurons aussi à trouver le moyen de rapprocher les activités de formation des travailleurs.

 

Les fonds devront accorder une attention plus particulière aux besoins des entreprises et à la façon d’y répondre. On pense à des formations juste-à-temps et à une meilleure coordination entre les intervenants du perfectionnement.

 

Il faudra aussi former et intégrer les nouvelles générations X et Y, ainsi que la prochaine qui s’en vient, la génération C. Des générations qui ont des façons de fonctionner et des besoins différents. Nous devrons adapter l’offre de perfectionnement en ajoutant des savoir-être : mieux communiquer, assumer un leadership ouvert, gérer une équipe de travail.

Il sera essentiel de s’assurer que nos travailleurs sur le point de prendre leur retraite aient eu l’occasion de transmettre leur savoir et leurs compétences avant de quitter l’industrie. Actuellement, beaucoup de formations annulées, le sont en raison d’un manque de formateurs. Des ressources devront être investies pour retenir dans l’industrie nos meilleurs travailleurs, qui pourraient faire de bons formateurs et les soutenir dans l’apprentissage de leur nouveau rôle.

 

Beaucoup de travail reste à faire et impliquera beaucoup de monde, y compris vous, les entrepreneurs. Vous pouvez vous aussi, comme employeur contribuer à l’atteinte de ces objectifs ambitieux que s’est donnés l’industrie, en faisant du perfectionnement de vos salariés votre priorité.

 

Fonds de formation de l'industrie de la construction (FFIC)