5 décembre 2016
Par Marie Gagnon

Pour faire passer les affaires à la vitesse supérieure, encore faut-il viser haut et juste. C’est l’état d’esprit qui anime Construction Bau-Val.

Rares sont les entreprises qui se contentent de croître au rythme de l’économie. Il en va d’ailleurs de leur pérennité. Sauf qu’une croissance débridée peut s’avérer toute aussi fatale. Les engagements simultanés et les contrats qui se multiplient peuvent rapidement mener à la crise si les moyens ne sont pas au rendez-vous. Pour éviter le naufrage et garantir le développement régulier de son entreprise, mieux vaut s’appuyer sur du solide, en définissant des objectifs précis et en déployant une stratégie cohérente avant d’enfoncer l’accélérateur.

 

C’est justement la tangente prise en 2014 par Construction Bau-Val. L’entreprise de Blainville, qui jusque-là oeuvrait dans les travaux de voirie et de génie civil sous le nom de Pavage Dorval, a vu ses recettes bondir de 70 % l’an dernier, passant de 34,4 millions de dollars en 2014 à 58,2 millions de dollars en 2015. Avec des prévisions budgétaires frôlant les 62 millions pour l’année en cours et un carnet de commandes de plus de 90 millions d’ici 2017, le moral est au beau fixe et les perspectives s’annoncent tout aussi réjouissantes dans un avenir rapproché.

 

« Lorsque que je me suis joint à mon partenaire d’affaires Luc Lachapelle, en 2014, c’était déjà dans les objectifs de Construction Bau-Val d’augmenter son chiffre d’affaires à court terme et d’élargir ses activités, tant au niveau de leur nature que de leur territoire, confie son président Adrien Vigneault. Pour ce faire, on a d’abord redéfini l’organigramme, ensuite on a mis l’accent sur les travaux complexes et l’expansion des équipes de pavage et de voirie. Auparavant, on réalisait entre 25 et 30 millions par année. En 2015, on a doublé nos revenus et déclaré autour de 97 000 heures travaillées à la Commission de la construction du Québec (CCQ). »

 

Vision d’avenir

Il précise que son premier geste en reprenant la barre de l’entreprise fut d’en repenser la structure. Pour ce faire, Adrien Vigneault se tourne vers son réseau de contacts, riche de 25 années d’expérience, pour monter une équipe multidisciplinaire composée d’ingénieurs motivés et dynamiques. Pour le seconder, il nomme à la vice-présidence Philippe Hamel et Luc Bialowas. Puis, il désigne 10 directeurs de projet pour partager l’estimation, l’exécution, l’équipement, l’informatique, les finances et la signalisation. Ces derniers sont assistés au quotidien par une vingtaine de chargés de projet.

 

BauVal s'est notamment illustrée en procédant à la démolition complète de la structure surélevée de l'autoroute Bonaventure, à Montréal. Photo de Construction BauVal

 

« En 2014, j’étais le seul ingénieur en poste. Aujourd’hui, on en a 20 à temps plein, souligne le gestionnaire. Avec la structure organisationnelle qu’on a mise en place depuis, on est maintenant capables d’atteindre des revenus de 100 millions par année. On a aussi développé notre équipe spécialisée en pavage et en travaux d’égout et d’aqueduc, sans compter un investissement d’environ trois millions de dollars pour des équipements de pavage et quelques gros engins d’excavation.

 

« Parce que pour faire prospérer son entreprise, il faut avoir les moyens de ses ambitions et posséder les ressources humaines, matérielles et financières pour réaliser ses objectifs, expose Adrien Vigneault. Mais il faut aussi une vision à long terme et envisager de nouveaux marchés. C’est pour cette raison qu’en 2014, je me suis fixé comme objectif d’obtenir l’accréditation exigée par le ministère des Transports (MTQ) pour soumissionner sur les projets publics de structures complexes. Nous l’avons obtenue après quelques mois seulement. »

 

Vitesse accélérée

Son accréditation en main, Construction Bau-Val obtient un premier contrat de structures complexes fin 2014. Il s’agit de la reconstruction du pont d’étagement du boulevard Rolland-Therrien, à la jonction de la route 132 et de l’autoroute 20, un projet d’une valeur de 10,9 millions de dollars. En l’espace de six mois seulement, l’entrepreneur met en place un pont temporaire, démolit le pont existant et en reconstruit un nouveau, pour enfin démanteler l’ouvrage temporaire. Une prouesse technique qui vaut à l’entreprise blainvilloise de nombreux commentaires élogieux de la part des usagers, en plus de se retrouver parmi les finalistes au prix Infrastructures 2016 de l’Association québécoise des transports (AQTr).

 

Image de la reconstruction d'un pont en deux phases au-dessus de la rue de la Commune, à Montréal (chantier Bonaventure). Photo de Construction BauVal

 

En 2015, l’entreprise réussit une seconde incursion dans les ligues majeures. Cette fois, en décrochant deux lots subséquents dans le projet Bonaventure, qui vise le réaménagement de la structure surélevée en boulevard urbain. Le chantier, dont la valeur dépasse les 30 millions, s’étire sur un kilomètre entre les rues Duke et de Nazareth d’une part, et entre les rues William et Saint-Antoine d’autre part. En gros, il s’agit de démolir l’ancienne autoroute et de la transformer en boulevard urbain, le tout en maintenant la circulation. Les travaux qui se sont amorcés à l’été 2015, doivent être complétés à la fin de l’année.

 

« Encore là, on a reçu des félicitations, mais cette fois de la part de la Ville de Montréal, souligne non sans fierté le président de Construction Bau-Val. Et ce ne sont pas les défis qui manquent dans ce projet : les délais sont très serrés et le chantier est très confiné. Les phases de circulation doivent aussi être planifiées de façon très pointue. Mais on a la capacité pour mener à bien le projet et livrer des ouvrages de qualité, d’ailleurs, jusqu’ici, tout se déroule très bien. En plus, cela nous procure une certaine forme de notoriété auprès de nos pairs et de nos clients, car le dossier est très médiatisé. »

 

Prudence réfléchie

S’il se dit satisfait du progrès fulgurant de Construction Bau-Val au cours des dernières années, Adrien Vigneault est tout de même conscient du caractère exceptionnel de cette croissance. « On ne souhaite pas reproduire de tels résultats année après année, prévient-il. Notre croissance est liée directement à nos nouvelles réalisations en structures complexes et en ouvrages de voirie et génie civil, on en est conscients. On reste donc prudents. Ce qu’on vise, c’est d’augmenter graduellement notre volume de travail pour arriver à 100 millions en 2020. »

 

Pour réaliser cet ambitieux programme, Adrien Vigneault dit procéder par palier, en se fixant année après année de nouveaux objectifs et en misant sur l’amélioration continue des processus et des méthodes de travail. « On est privilégiés d’avoir un carnet de commandes aussi rempli, parce que l’industrie traverse des années assez difficiles, souligne-t-il. Dans le secteur public, la somme des projets obtenus après soumission égale rarement la somme des projets réalisés.

 

« Il y a beaucoup de projets qui sont reportés ou carrément abandonnés par les pouvoirs publics, précise-t-il. Mais on sent une volonté réelle d’entretenir les routes, les infrastructures et les ouvrages d’art. Selon moi l’ouvrage ne devrait pas manquer, alors on doit être prêts et pouvoir compter sur des employés de confiance. On veut aussi diversifier nos marchés en multipliant, entre autres, les occasions d’affaires dans le secteur privé.

 

« On veut développer ce marché, c’est d’ailleurs une de nos forces, signale Adrien Vigneault. Dans le privé, les clients vont au-delà des prix. Ce qu’ils recherchent, c’est avant tout une relation basée sur la confiance, la rigueur et la qualité d’exécution. Ils sont ouverts à l’innovation sur le plan des matériaux comme des façons de faire. Eux, ce qu’ils veulent, ce sont des ouvrages de qualité. Et nous, ce qu’on aime, c’est d’aller plus loin dans l’exécution, en proposant des solutions adaptées au chantier et aux besoins des clients. Dans le secteur public, les documents contractuels ne permettent pas une aussi grande latitude. »

 

COMPOSER AVEC LES CONTRAINTES

Dans une économie en berne et un marché qui se resserre, la compétition devient plus féroce à mesure que les contrats se raréfient. Pour maintenir le cap malgré des vents contraires, il faut savoir optimiser chaque fonction, chaque ressource de l’entreprise, histoire de dégager une marge bénéficiaire, aussi modeste soit-elle. « Le marché est assez intense ces dernières années, note le président de Construction Bau-Val. Et les prix sont bas, même très bas. Pour se ménager un profit, il faut faire preuve de beaucoup de rigueur, dans la gestion comme au chantier. Il faut que les travaux soient exécutés de façon exemplaire, avec le moins de reprises possible, si on veut atteindre la rentabilité. »