Voir Vert - Printemps 2009

À propos de LEED

Durable, écologique, vert... Autant de qualificatifs qui étaient absents du vocable domaine du bâtiment dans un passé pas si lointain encore. Ou qui renvoyaient illico à la marginalité lorsqu’ils étaient énoncés. Aujourd’hui, ils font partie de notre jargon quotidien tant le mouvement en faveur de l’éco-construction s’est solidement enraciné en sol québécois. Et le brand de l’acronyme de la certification Leadership in Energy and Environmental Design n’est certes pas étranger à ce phénomène.
Il suffit de remonter dans la première moitié de cette décennie, alors que le mouvement vert dans le bâtiment en était encore à ses premiers pas au Québec, pour se rappeler l’effervescence entourant la construction des pavillons Lassonde, de la Tohu ou encore du 740 Bel-Air. L’engouement des médias, tant grand public que spécialisés, pour de tels projets tenait évidemment à leur contenu écologique. Au fait qu’ils étaient pensés et réalisés autrement.
Mais l’intérêt des médias pour ces projets, et aussi celui des différents acteurs gravitant dans le giron de l’industrie, était également aiguillonné par le fait que les propriétaires de ces édifices visaient à y apposer la certification LEED. Celle de l’U.S Building Council au départ ou celle du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) à partir de 2004. Avec le recul, force est d’admettre que LEED est vite devenue la figure emblématique de la construction durable au Québec. Comme ce fut le cas du côté de l’exploitation écologique des immeubles avec les certifications Visez vert et Visez vert Plus (aujourd’hui BOMA BESt) administrées par BOMA Québec.
Et ce n’est pas l’effet du hasard si le système d’évaluation LEED a rapidement pris le plancher ici. Non seulement permet-il de mesurer la performance environnementale d’un bâtiment et d’en faire attester la valeur par l’entremise d’une tierce partie, contribuant du coup à contrer le greenwashing, mais aussi de guider les différents acteurs engagés dans la conception et la mise en œuvre d’un projet.
Que l’on me comprenne bien : je ne suis pas en train de faire l’apologie de LEED.
Le système n’est pas parfait comme en font foi les critiques qui lui sont parfois adressées, le plus souvent en sourdine. Mais aucun système n’est parfait et ne pourra jamais l’être, que ce soit dans le domaine du bâtiment durable ou ailleurs.
Je pose seulement le constat, comme observatrice de la scène, que l’essor du bâtiment écologique au Québec n’aurait pas été le même n’eut été de LEED.
La puissance de sa marque de commerce a largement contribué à la transformation de l’environnement bâti ces dernières années, ici comme ailleurs en Amérique du Nord, et elle continue à le faire avec toujours plus d’acuité. D’autant plus que le système est en constante évolution.
Un bâtiment peut évidemment être vert sans être LEED, comme l’illustre l’exemple du Mountain Equipment Coop à Montréal. N’empêche que l’intérêt dévolu à LEED dans l’industrie, et même dans le grand public, a permis de mousser la cause du bâtiment durable et d’y rallier nombre d’acteurs du milieu, particulièrement au sein de la Section du Québec du CBDCa. Heureusement, car où en serions-nous sinon ?

Anik Girard
Directrice générale et éditrice