Malmené par la pandémie, le centre-ville devrait retrouver son dynamisme d’antan. À condition toutefois de créer des lieux de travail attrayants et de continuer à miser sur la mixité des usages.
Le 26 avril dernier était dévoilé le projet d’anneau géant surplombant l’esplanade de Place Ville Marie, concept qui a suscité l’enthousiasme des médias comme des élus de par son potentiel à faire rayonner Montréal et son centre-ville. Trois jours plus tard, le même optimisme à l’égard de la relance de cette zone urbaine émanait des conférenciers invités au Forum stratégique sur les grands projets métropolitains.
D’entrée de jeu, le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, affirmait que la ville avait connu deux années record en matière d’investissements étrangers. « Au début de la pandémie, plusieurs d’entre nous étaient craintifs, car Montréal était l’épicentre de la pandémie. On pensait que ça pouvait atteindre notre image de marque à l’international, mais Montréal est toujours bien attrayante, autant pour les investisseurs que pour les touristes. »
Malgré ces bonnes nouvelles, des défis demeurent. Une étude effectuée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain prévoit une diminution de 19 à 25 % de l’achalandage quotidien au centre-ville en raison du travail hybride, accompagnée d’une hausse de 21 points de pourcentage des taux d’inoccupation des espaces bureau. Les immeubles de catégorie B et C, ceux qui sont moins bien situés ou pour lesquels les propriétaires n’ont pas investi dans les dernières années risquent d’être plus affectés. Dans ce contexte, l’idée circule depuis quelque temps déjà de reconvertir des édifices commerciaux en tours d’habitation, un projet pas si simple à réaliser selon Jean Laurin, associé, président et directeur général chez Avison Young.
Miser sur des espaces de travail invitants
La COVID-19 aura changé la façon dont les employés envisagent leur lieu de travail. « Un bureau comme le nôtre, qui occupe plusieurs étages de Place Ville Marie, a historiquement toujours vu le bureau comme un lieu de production. Inutile de dire que la pandémie nous a montré que la production pouvait être particulièrement efficace de la maison. Et donc, réinventer l’espace de travail, c’est principalement viser ce qui nous a manqué le plus : la collaboration », estime Étienne Brassard, associé au sein du groupe Droit des affaires de Lavery.
Pour attirer des locataires, les propriétaires d’immeubles voudront donc offrir des conditions intéressantes. À cet égard, la stratégie des entrepreneurs et des organisations devra être basée sur l’attraction et la rétention des travailleurs. « Les employés veulent des environnements qui sont excitants, qui sont motivants. D’ailleurs, on va voir dans les prochaines années probablement le style de bureau le plus exceptionnel qu’on a jamais vu », s’enthousiasme Jean Laurin.
L’importance d’un centre-ville diversifié
Une autre des raisons qui pourraient inciter les travailleurs à revenir au bureau réside dans la mixité du centre-ville. D’ailleurs, les panélistes ne craignent pas trop la délocalisation des entreprises vers d’autres pôles, par exemple ceux entourant les futures stations du REM dans la couronne sud. D’une part, les employés viennent de tous les arrondissements de l’ile — ainsi que de la banlieue — et dans ce contexte, un lieu d’emploi central s’avère pratique. D’autre part, le secteur résidentiel s’est beaucoup développé au centre-ville, notamment sur le boulevard René-Lévesque et dans le quartier Griffintown.
Le centre-ville comporte d’autres atouts, dont le pouvoir d’attraction des universités et la présence d’étudiants qui s’y déplacent quotidiennement. La scène culturelle, la restauration et les commerces amènent aussi les gens à vouloir fréquenter cette partie de la ville, tout comme l’accès à des sièges sociaux et à des décideurs de différentes industries, qu’on peut côtoyer à l’intérieur d’une même journée. « Il y a une raison pour laquelle le centre-ville a toujours réussi à rebondir, peu importe la situation. Il y a ce pouvoir et ce désir d’une collectivité de se retrouver. Donc c’est à nous, l’ensemble de la collectivité de développement, de créer des endroits où ces gens-là veulent revenir, tant au niveau résidentiel qu’au niveau du bureau », conclut le président du Groupe immobilier Broccolini, Roger Plamondon.
Cet article est paru dans l’édition du 12 mai 2022 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.