LEED 2009 : nouveautés et changements majeurs

25 octobre 2010
Par Mathieu Fleury, architecte, P.A. LEED

Très attendue par les praticiens(es) de la construction écologique, la nouvelle version de LEED est maintenant disponible: tous les projets inscrits depuis juin 2010 doivent maintenant répondre aux exigences de LEED 2009. À première vue, la nouvelle version est similaire en beaucoup de points à la précédente: les crédits sont répartis dans les six mêmes catégories et leurs objectifs demeurent essentiellement les mêmes.

 

Cependant, LEED 2009 augmente le nombre de points possibles à 110. Cela présente l’avantage d’offrir aux acteurs de la construction une plus grande liberté dans le choix des mesures vertes à mettre en œuvre. En parallèle, le nombre de points requis pour l’atteinte des différents niveaux de certification augmente également passant de 26 à 40 pour la certification de base et de 52 à 80 pour une certification de niveau platine. Les équipes de projets doivent bien saisir les impacts de la nouvelle version sur les exigences requises pour l’obtention de la certification.

 

LEED Canada 2009 est construit de manière très similaire à la version du USGBC (U.S. Green Building Council). Cela a pour objectif de rendre le processus plus facile pour les acteurs du milieu de la construction qui œuvrent des deux cotés de la frontière. Les interprétations de crédit de la version précédente ont également été incorporées dans le nouveau guide de référence, ce qui permet aux concepteurs d’obtenir davantage de précision sur les exigences de chaque crédit. Une des révisions majeures contenues dans LEED 2009 est la modification du nombre de points accordés en fonction des crédits. En effet, LEED 2009 alloue davantage de points aux crédits qui couvrent des enjeux aux impacts environnementaux élevés. Un bon exemple se situe au niveau de la catégorie Énergie et Atmosphère. Dans la version précédente, cette catégorie comptait pour 24 % (17 de 70) des points possibles. Désormais, ce pourcentage s’élève à 32 % (35 des 110 points possibles).

 

Les exigences pour l’obtention de certains crédits ont également changé. Dans certains cas, elles furent augmentées alors que dans d’autres, elles furent réduites. Ceci est attribuable au fait que certains crédits étaient obtenus de manière systématique sans effort particulier tandis que d’autres crédits n’étaient pratiquement jamais demandés, ceux-ci ayant des exigences trop difficiles à atteindre. Par exemple, les pourcentages de réduction de la consommation d’eau ont été augmentés à 30 %, 35 % et 40 %. Un nouveau préalable exige également la mise en place de compteurs d’eau et une réduction de la consommation d’eau minimale de 20 %. À l’inverse, le crédit concernant les matériaux rapidement renouvelables passe de 5 % à 2,5 %, incitant ainsi à l’utilisation de matériaux de construction issus de plantes à croissance rapide, tels le bambou ou le soya.

 

Pareillement, certains crédits ont été révisés de manière à offrir plus de flexibilité aux équipes de design afin d’atteindre les objectifs exigés. Par exemple, les équipes de projets peuvent maintenant utiliser d’autres moyens pour réduire l’utilisation de l’automobile individuelle plutôt que de simplement et strictement localiser le projet en un lieu desservi par le transport collectif. Cela aidera les concepteurs travaillant dans des régions où le transport en commun est pratiquement inexistant à développer des stratégies alternatives.

 

LEED 2009 intègre également le concept de priorité régionale. Il est maintenant possible, lorsqu’un crédit est particulièrement important pour une région donnée, d’y ajouter un point lié à la priorité régionale. Par exemple, un projet situé en région insulaire isolée où la grande majorité des matériaux de construction sont importés pourrait être admissible à un point de priorité régionale s’il satisfaisait les exigences du crédit MR-C5, matériaux régionaux. Ces demandes de points supplémentaires feront l’objet d’une analyse cas par cas par le CBDCa.

 

LEED 2009 propose une procédure visant à réduire le temps requis pour l’analyse et l’obtention de la certification. La première soumission de projet demande donc davantage de documentation mais le temps de révision est réduit. Le CBDCa a inclus à LEED 2009 un échéancier du processus de certification. Théoriquement, le temps entre la première soumission et l’obtention de la certification devrait être d’environ neuf semaines.

 

La nouvelle version se veut donc une intégration des connaissances et de l’expérience acquise lors de mise en œuvre de LEED version 1.0. Par l’augmentation du niveau de performance requis pour plusieurs crédits, il y a lieu de croire que la première version de LEED a eu un effet positif sur le marché de la construction. Concepteurs, constructeurs et fournisseurs de matériaux ont amélioré la qualité de leurs services et de leurs produits afin d’intégrer les éléments requis pour construire de manière écologique, responsable et durable. En conséquence, il est fort possible et souhaitable que la concertation de l’industrie de la construction autour de LEED 2009 produise un effet similaire, soit la poursuite de la quête vers la réalisation de projets à impacts environnementaux nuls, voire positifs.

 

Mathieu Fleury est architecte pour la firme Vachon & Roy à Gaspé.