Un jardin sur le toit, une solution simple

12 janvier 2010
Par Mathieu Fleury

Dans la foulée du mouvement écologique et de son combat face à la dégradation environnementale, le jardinage urbain se présente comme une solution simple, peu coûteuse et socialement positive.

 

En effet, la culture maraîchère en ville semble constituer une réalité facilement accessible et pourrait engendrer des effets environnementaux positifs significatifs. En plus de contribuer au rapprochement des classes sociales, celle-ci peut s’avérer un apport majeur à la réduction des gaz à effet de serre et à la renaissance environnementale, de façon globale.

 

Comment mettre en place les infrastructures dédiées et rendre celles-ci efficaces ? Des pistes de matérialisation existent : elles prennent la forme de projets actuellement marginaux qui pourraient facilement se propager à l’échelle de la ville.

 

La culture des fruits et légumes en milieu urbanisé constitue une activité largement répandue sur la planète. Évidemment, certaines villes parmi les plus densément peuplées constituent des cas de mise en œuvre exemplaires. Les Japonais, vivant à plus de 128 millions sur un territoire d’à peine 380 000 kilomètres carrés, ont développé des techniques particulièrement efficaces qui peuvent nous inspirer. Ceux et celles qui ont eu la chance de vivre en terre japonaise vous le diront : tous les balcons, coins de terrain, espaces verts en tout genre sont utilisés pour la culture maraîchère. On y trouve même des jardins verticaux sur les murs des immeubles d’habitation. Cette utilisation maximale de l’espace disponible se veut une réponse directe au fait que ces habitants vivent en très grand nombre dans un pays dont la superficie est minimale. Dans un contexte où chaque communauté doit participer au défi mondial de restauration environnementale, il semble évident que la ville de Québec peut devenir une cité exemplaire en matière de jardinage urbain, contribuant ainsi au bien-être de ses habitants par la mise en place d’un environnement inspirant qui permet de nourrir leur corps et leur esprit.

 

Des exemples

 

Les jardins urbains foisonnent dans la ville de Québec pour qui sait observer. Hormis les magnifiques cultures que l’on trouve sur une toiture à l’angle d’Arago et de la côte Badelard, il est impossible de demeurer insensible au jardin communautaire du Vieux Limoilou. Ces décors naturels au cœur de la ville ont plusieurs conséquences positives, dont la réduction des déplacements automobiles et la restauration de la faune et de la flore.

 

En observant en détail les cultures légumières localisées sur les bâtiments, force est de constater qu’elles sont pour la plupart installées sur des toitures qui, à l’origine, ne furent pas conçues pour recevoir des plantations. Plusieurs raisons semblent expliquer ce fait, notamment des structures solides et des jardins légers. Plusieurs systèmes, certains de fabrication artisanale, d’autres développés par l’industrie, permettent la mise en place de jardins sur les toits des bâtiments existants. À Québec, parmi les plus fameux se distinguent les jardins de la Coopérative Les Pénates et celui de la Maison Lauberivière. Les systèmes utilisés se caractérisent par des plantations en bacs, de grosseurs variables dépendant des variétés cultivées et par l’utilisation d’un substrat de culture extrêmement léger. Là où se situe l’aspect intéressant, presque l’ensemble des toitures de la ville sont adéquates pour accueillir des jardins.

 

D’un point de vue social, ces jardins urbains ont de grandes qualités. Ils favorisent le rapprochement des gens, l’échange et l’entraide entre les habitants d’un quartier. Ils deviennent un lieu de rencontre fréquenté par plusieurs classes sociales. Dans le cas de la Maison Lauberivière, organisme venant en aide aux plus démunis, les impacts sociaux sont encore plus grands : la clientèle de l’organisme contribue à subvenir à ses propres besoins par la culture de fruits et légumes. La pratique du jardinage permet également aux résidents de structurer leur mode de vie et d’apprendre à s’impliquer dans des projets communautaires. De manière générale, les jardins urbains constituent également une partie de la solution au problème de la pauvreté.

 

Au niveau de l’environnement, les impacts des cultures jardinières en ville sont nombreux : réduction des transports pour amener les produits des fermes vers les cités, réduction des déplacements automobiles entre les résidences et les épiceries, augmentation du nombre d’espaces verts, etc. Une généralisation de ces pratiques pourrait entraîner une réduction importante de la quantité de gaz à effet de serre générés par les villes. De plus, la propagation de ces espaces verts d’un nouveau genre ne peut qu’être bénéfique pour le développement de la biodiversité urbaine.

 

Les concepteurs de projets doivent être proactifs : l’option d’intégrer des jardins aux bâtiments devrait être considérée lors de projets de rénovation ou de retrofitting écologique. La possibilité d’intégrer des jardins sur toute nouvelle construction, qu’il s’agisse de projets résidentiels, commerciaux ou institutionnels, devrait être considérée. Dans tous les cas, le défi consiste à rassembler autour d’une même table les propriétaires, promoteurs et futurs utilisateurs afin d’établir une logistique qui permettra le développement et le bon fonctionnement de ces nouvelles oasis urbaines.

 

Mathieu Fleury est architecte chez la firme d'architectes Vachon & Roy. 

 

Conseil du bâtiment durable du Canada