14 mars 2012
Par Benoit Poirier

Une formation quasi en tête-à-tête avec les Laurent Beaudoin, Alain Lemaire, Jean Coutu et Bruni Surin de ce monde. Un mentorat aux côtés de tireurs d’élite qui permet à des entrepreneurs novices ou aguerris de faire des pas de géant que seules plusieurs années d’expérience permettraient.

 

Si elle vaut son pesant d’or, la formation d’une durée de deux ans qu’offre l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB) n’est pas donnée. Heureusement, de l’aide financière est offerte aux gens d’affaires désireux de s’y inscrire.

 

Un réel programme d’entraînement

Pour ainsi dire 24 heures sur 24, durant 15 grandes fins de semaine de cinq jours réparties sur une période de deux ans. Tout y passe, de la fiscalité à la gestion des ressources humaines, en passant par le développement personnel, l’entraînement physique et la saine alimentation.

 

Parallèlement à ce programme long basé sur l’action et l’échange, diverses formules telles des rencontres à la carte avec des entrepreneurs-entraîneurs sont aussi organisées.

 

Objectif : former des entrepreneurs plus efficients, mieux outillés qui développent de meilleures relations avec leurs partenaires et leurs employés. Après un an et demi d’existence, le bilan est positif, soutient la directrice générale de l’EEB, Nathaly Riverin.

 

« C’est au-delà de nos attentes. Vraiment, l’impact que l’on a chez nos entrepreneurs, nos clients, est significatif. En fait, je dirais qu’il est majeur. Les gens ont vraiment trouvé ici un réseau d’affaires très intéressant, très riche. Ils ont accès à certains des plus grands entrepreneurs du Québec, parce que ce sont eux les professeurs. »

 

Deux cohortes par année

Il y a deux inscriptions par année pour autant de cohortes annuelles. L’une a lieu en mars, l’autre en septembre.

 

« Ça nous prend des entrepreneurs qui ont une bonne ambition et qui nous démontrent que l’école va leur être utile, qui vont être présents, qui vont s’engager à participer, explique Nathaly Riverin. Dans le fond, on veut trouver des partenaires et nous on va travailler avec les gens pour les faire grandir, pour les amener vers plus de succès. C’est sûr qu’on veut des gens qui ont une certaine maturité en affaires. »

 

Ils sont de tous âges, d’expériences diverses et de tous les secteurs.

 

« Autour de 40 % de nos clients œuvrent dans le secteur de la construction, de l’ingénierie civile, du développement immobilier. C’est surprenant. C’est surreprésenté. C’est sans doute la formule, qui est beaucoup plus pratico-pratique. On n’est pas une école traditionnelle. Nous sommes plutôt une anti-école. Une école où l’on parle du vrai quotidien des entrepreneurs. »

 

Financement disponible

Le coût du programme de deux ans est de 55 000 $, à raison de 27 500 $ annuellement.

 

Chaque année, diverses bourses sont offertes aux entrepreneurs qui ont été retenus par le comité de sélection. Elles varient d’année en année. On peut en trouver la liste exhaustive sur le portail de l’EEB.

 

Un soutien financier peut aussi être obtenu auprès d’un centre local de développement (CLD) ou d’une institution financière.

 

Une athlète à l’école

Lilianne Savard, nouvelle présidente du Groupe POG, était bien déterminée à s’inscrire à l’École d’Entrepreneurship de Beauce. Quoi qu’il en coûte.

 

« On s’entend que quand tu fais l’acquisition d’une entreprise, les liquidités, ce n’est pas ce que tu as le plus. Tu n’as pas d’argent à jeter par les fenêtres. J’avais un choix à faire », relate celle qui est à la barre de cette entreprise de Chicoutimi.

 

Celle-ci évolue dans l'industrie de la construction et dans celle de la maintenance industrielle. Par l’entremise de ses filiales, elle offre des services d’installation, de fabrication et de modification pour des travaux de structure, de mécanique et tuyauterie, de systèmes au gaz naturel et au propane dans les secteurs industriel, institutionnel et commercial.

 

Lilianne Savard a cherché et trouvé les ressources nécessaires pour pouvoir s’y inscrire. Sans jamais le regretter. « C’est le plus bel investissement que je n’ai jamais fait ! »

 

Elle était donc heureuse d’obtenir, en octobre 2011, une bourse de 10 000 $ de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’une de celles offertes aux entrepreneurs inscrits à l’EEB. Mais encore faut-il déjà être inscrit.

 

« Disons qu’elle a été très bien reçue ! »

 

La bourse lui a été remise à titre d’entrepreneure ayant acquis une première entreprise au cours de la dernière année et qui était inscrite à l’institution. Lilianne Savard est la seule de sa cohorte à avoir obtenu une bourse.

 

Elle compte une quinzaine d’années d’expérience dans le domaine industriel. Sa collaboration avec les propriétaires précédents se poursuit encore quelque temps afin d’assurer une transition harmonieuse à la direction de cette PME de 50 employés.

 

Un investissement qui en vaut la chandelle

Lilianne Savard est de la 3e cohorte de l’EEB. Au moment de l’entrevue, elle s’apprêtait à participer à la 4e fin de semaine de formation sur une série de 15 rencontres thématiques de cinq jours organisées à une fréquence bimestrielle.

 

« L’exercice est exigeant, mais combien rentable, soutient-elle. À plus d’un niveau. Disons qu’on ne va pas là pour chômer ! On sort de là vidés, mais hyper motivés.

 

« Ils travaillent autant sur le plan physique et émotionnel que sur le côté intellectuel et pratique, poursuit Lilianne Savard. On s’entraîne, on améliore notre alimentation. Parfois, on commence le matin à 5 h pour finir à 22 h 30 ou 23 h. On passe 24 heures d’affilée avec chaque entraîneur. On soupe avec lui et le lendemain, on passe toute la journée avec lui. »

 

Une chance exceptionnelle, souligne-t-elle, d’avoir un accès privilégié à ces entraîneurs émérites qui, autrement, arriveraient difficilement à trouver du temps pour prodiguer leurs conseils.

 

« Chaque fois, ils réussissent à nous épater. Chaque personne vient te chercher d’une façon différente qui te permet, à toi, de grandir. Ils prennent le temps qu’il faut. Ils veulent vraiment nous aider. »

 

Elle trouve l’exercice d’autant plus enrichissant, que la fibre entrepreneuriale ne s’attrape ni ne s’apprend sur les bancs d’école, mais souvent par émulation. Ou mentorat.

 

« C’est de l’expertise de haut niveau. On a des gens d’expérience qui sont capables de nous aider et de nous répondre. Et ils sont vraiment disponibles. On est 25 entrepreneurs dans différents domaines. Mais, parfois, les problèmes se ressemblent. On va en chercher beaucoup. On est en mesure de trouver des solutions rapidement. »

 

Elle explique qu’elle avait un problème en ingénierie et l’un de ses formateurs, qui est un joueur important dans le secteur, lui a courriellé peu après, un samedi soir, pour lui proposer une solution.

 

« On ne serait pas capables de demander ça à n’importe quel consultant ! »

 

Ceci, sans compter les amitiés que ces fins de semaine intensives donnent l’occasion de tisser. « Juste la chimie qui se crée entre les entrepreneurs, ça aussi c’est extraordinaire. »