La caserne d'Outremont : un chantier orchestré en deux phases

Par Marie Gagnon

Entre la réfection majeure de la caserne 75 et sa reconstruction complète, la Ville de Montréal a finalement coupé la poire en deux. La caserne de pompiers d’Outremont sera entièrement reconstruite, mais sa tour à boyaux sera préservée et restaurée. Le tout dans une perspective LEED-NC de niveau Or. Le projet, qui nécessite un investissement global de 7,5 millions $, s’est mis en branle le 9 juin dernier. Il est réalisé par l’entrepreneur Quadrax & Associés E.G. au coût de 6,8 millions.

 

Cette décision fait suite à une évaluation qualitative menée en 2009. Au terme de l’exercice, l’immeuble construit en 1902 s’est vu accoler un indice de vétusté de 62,3 % ; c’est dire que le bâtiment et ses installations devaient impérativement être mis à niveau. La Ville a donc chargé les firmes Archipel architecture, WSP Canada et SDK de conduire une étude comparative afin d’identifier la solution la plus avantageuse.

 

« L’étude a démontré que les deux scénarios ont un impact budgétaire similaire, indique Jean-François Mathieu, gestionnaire immobilier à la Direction de la gestion et de la planification immobilières. Par contre, l’option de la rénovation majeure ne répondait pas aux besoins opérationnels minimaux du Service des incendies. Elle ne permettait qu’un dégagement de 3,8 mètres de hauteur pour les portes de garage, et le minimum requis est de 4,3 mètres. »

 

Il ajoute qu’une évaluation patrimoniale du lieu a aussi été demandée. L’énoncé d’intérêt permet en conclusion la démolition de la caserne, mais recommande la conservation de la tour à boyaux. Il impose par ailleurs aux concepteurs un langage architectural résidentiel dans lequel prédomine la brique rouge, omniprésente à Outremont. Des insertions de tôle noire et des brise-soleil fabriqués à partir de solives récupérées viendront toutefois souligner le caractère contemporain de l’édifice.

 

Le chantier qui vient de débuter est donc orchestré en deux phases. D’abord la réfection de la tour à boyaux. Haute de 21,9 mètres, ses trois rangs de briques autoportantes seront restaurés, de même que la toiture et les fenêtres. Une gaine de béton armé sera ensuite coulée à l’intérieur de la tour et solidement ancrée au roc. Au terme du projet, un mât de descente y sera installé. Cette première phase sera suivie par la démolition sélective de la caserne et la construction du futur édifice.

 

D’une superficie totale de 1 196 mètres carrés, celui-ci sera composé d’une dalle de béton et d’une structure d’acier de trois niveaux. Au rez-de-chaussée, outre les deux baies de garage, seront aménagés les locaux de travail, comme l’atelier, le poste de garde, le vestiaire à feu et le bureau des officiers. On y trouvera également les génératrices et les équipements de géothermie. Les niveaux supérieurs seront pour leur part consacrés aux aires de vie.

 

À l’exception des baies et de l’atelier, qui seront délimités par des blocs de béton, les cloisons seront toutes de plaques de plâtre. Fait à noter, le garage et l’atelier seront dotés de planchers radiants afin d’accélérer le déglaçage en hiver. Les autres locaux seront équipés de ventilo-convecteurs pour réguler tant le chauffage que la climatisation.

 

Sur le plan de la mise en œuvre, le projet recèle également quelques défis. Parmi ceux-ci, le creusage des puits géothermiques. « Le projet comporte 12 puits verticaux, note Jean-François Mathieu. Mais on a commencé à creuser avant les vacances et on s’est aperçu qu’on ne pouvait pas aller aussi profond qu’on croyait dans le roc. Il se peut qu’un treizième puits soit nécessaire, mais ça reste à voir. »

 

Ces équipements figurent d’ailleurs au nombre des stratégies mises de l’avant par les concepteurs pour obtenir la certification LEED Or, dont la coordination est assurée par CIMA+. Parmi les autres mesures, le gestionnaire mentionne une toiture blanche et un bassin de rétention sous le stationnement. « On totalise 81 points jusqu’ici, ce qui correspond au niveau Platine, dit-il. Mais on s’attend à ce que quelques-uns soient refusés à l’évaluation. »

 

Pour l’heure, le chantier se déroule comme prévu. Le renforcement de la tour à boyaux va bon train et devrait être suivi, vers la mi-septembre, par la déconstruction de la caserne. La construction du nouveau bâtiment sera aussitôt enclenchée, l’entrepreneur général ayant prévu fermer l’enveloppe avant la fin de l’année. La livraison du bâtiment est fixée au mois de décembre 2015.

 


Cet article est paru dans l’édition du mardi 12 août 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !